LA VERTIGINEUSE SURENCHERE DES INFEODATIONS….
Par : M’backé N’diaye

Le spectre qui semble se profiler à l’horizon de la vie politique française ne présage guère des lendemains rassurants pour une démocratie moderne et paisible. C’est un constat flagrant. Et quiconque a des yeux pour voir ou des oreilles pour entendre pourrait bien faire le même constat. Et loin de moi l’idée de jouer les oiseaux de mauvais augure! Dieu m’en garde !
On ne peut, cependant, feindre d’ignorer ce que les oracles de la statistique des sciences politiques n’ont cessé de dénoncer à travers l’Histoire à savoir que "le pouvoir corrompt et que le pouvoir absolu corrompt absolument" L’inquiétude qui semble se saisir de l’ensemble de la classe politique non dirigeante ainsi que des observateurs impartiaux, à l’annonce de la victoire de Sarkozy, tient moins à l’indice de dangerosité de l’homme (refus de la diabolisation) qu’au risque de concentration de pouvoirs éminemment exorbitants entre les mains d’un seul homme.
La victoire de Nicolas Sarkozy est celle d’un homme seul opposé à tous. Il dirige d’une main de maître l’appareil politique qui lui a permis d’accéder au pouvoir. Il se trouve que l’UMP c’est SARKOZY et que SARKOZY est l’UMP. Les deux sont indissociables et indissociés. Aucun homme politique français ne s’était auparavant retrouvé dans une situation comparable. Le cas du Général De Gaule, pour qui se risquerait d’établir une analogie, était largement justifié par les circonstances exceptionnelles de l’époque et ses pouvoirs étaient clairement encadrés par un dispositif complet de contrôle constitutionnel. Ici la donne se présente différemment avec cependant des conséquences qui dans la pratique reviennent au même: l’absence de contre-pouvoirs à l’omnipotence du chef de l’Etat français. Sarkozy est légalement élu dans un pays qui n’a jamais connu une aussi parfaite stabilité et pourtant le spectre d’un pouvoir quasi totalitaire n’est pas complètement écarté. C’est une hypothèse qui séduit de plus en plus la "horde"UMP, aléa qui pourrait bien se produire si les autres forces politiques n’y prennent garde.
L’omniprésence tentaculaire de l’UMP partout dans les organes de décisions et de contrôles, a de quoi inquiéter plus d’un observateur. La mainmise sur tous les organes de l’Etat et même au-delà est quasi acquise: l’assemblée nationale, la cour des comptes, le conseil constitutionnel, le sénat, le pouvoir médiatique, le pouvoir économique et financier et j’en passe, est effective et quasiment sans partage. Les ralliements se font tous les jours à des rythmes effrénés. Individuels ou par groupes, les déclarations d’adhésions se comptent par dizaines. Il y’a de la démesure dans tout ce qui arrive à Sarkozy
Face à cette ruée vers l’UMP et à son patron, les partis de l’opposition sont sommés de trouver un palliatif urgent et efficace s’ils sont encore intéressés par leurs devenirs. C’est à ce point crucial !
Sarko et les siens ne comptent faire de la place à personne ! C’est le prolongement logique de leur conception du mérite tant vanté durant la campagne électorale.
Tous les jours nous parviennent des informations relatives à des amitiés ou des fidélités anciennes que la situation actuelle vient exhumer pour les remettre au goût du jour. Chacun se forge un statut de confident ou d’ami de longue date ou se targue d’un compagnonnage loyal et ancien. L’unanimité dans l’euphorie de la victoire et les cris de joies scandant l’appartenance au camp présidentielle, dés la proclamation du résultat final de l’élection, rappelle à notre triste souvenir des moments de l’Histoire que l’on avait choisi de laisser à jamais dans le rétroviseur de la mémoire collective des peuples. Cet état des choses croît si vite et si bien qu’un observateur neutre de la politique française, intrigué par les emballements et les manifestations d’allégresses, s’interrogea avec ironie, (en ayant déjà en tête sa propre réponse), sur ce qui, en France, était devenue la chose la mieux partagée: connaitre Sarkozy, chacun se croit si proche de lui que l’on se sent obligé de divulguer, d’étaler voire même de se vanter de son amitié sur la place publique. Chacun se dit prêt à tout concéder au nouveau chef …de l’Etat. Y compris les institutions Républicaines !
La dérive totalitaire proviendrait non pas de la volonté hégémonique de Sarkozy, mais de l’absence d’une opposition significative et de la confusion de tout à l’UMP, noyant toute velléité de constituer un contre-pouvoir réel. Pour la première fois dans l’histoire d’un peuple se pose d’une façon sournoise et alléchante, mais également transparente et démocratique la question de la tentation du Diable avec une si naïve désinvolture.
L’annihilation de tout contre-pouvoir par un jeu de légitimité démocratique qui ne tolère pas la contradiction par l’inféodation aux volontés et aux caprices d’un G.I.P (groupement d’intérêts politiques) comporte en soi les germes d’un possible raidissement totalitaire. La répartition des éléments UMP au sein de tous ces pouvoirs suscite l’épouvante, même chez les observateurs les plus neutres de la scène politique française. Rien n’échappe au contrôle de l’UMP. La division classique du pouvoir étatique en trois différentes fractions « Exécutif, Législatif, Judiciaire n’est plus ici que factice ». Les fonctions d’équilibre remplie par le jeu de pouvoir et de contre pouvoir étaient soutenues par un souci d’efficacité et de cohésion du système. Ce rôle est ici inhibé par une convergence d’intérêts partisans.
Le marché (Big deal) que Sarkozy et les siens proposent se décline en des termes très mielleux avec toutes les apparences de cohérence : vous m’avez élu sur la base d’un programme précis de réformes, donnez-moi les moyens de les réaliser. C’est clair, c’est logique. Mais pour qui connaît l’esprit tacticiens des hommes politiques il ne sera pas difficile d’y déceler un vice caché : un simple et classique marché de dupe. Il n’y a que l’élément « donnez-moi les moyens… »qui les intéressent.
Le pouvoir de l’UMP corrompt, et le pouvoir absolu, que réclame Sarkozy, corrompt absolument.
La bataille des législatives est donc ouverte. Cette fois encore il incombera à la démocratie (la souveraineté populaire) de conforter ou de ne pas conforter l’Etat de droit.
Qui avait recommandé de ne dormir que du sommeil du chien pendant tout le quinquennat de Sarkozy ?
Le présage se confirme.
M’BACKE N’DIAYE
Bruxelles,11/05/07
baker070703@yahoo.fr
0032-487/622.354

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