IL ETAIT UNE FOIS
L'HOMO-OECONOMICUS !
Par M’backé N’diaye


La situation d'acteur conscient attribuée à l'Homme de par son état naturel (morphologique : physique et psychique) a conduit à la sécrétion et la mise en place de systèmes de pensées et d'actions en relation avec la nécessité de gérer l'instinct de survie intrinsèquement lié à la singularité de sa condition. (La condition Humaine)

De par cette situation sont nées deux vocations essentielles de l'Homme dans son humanité (comme élément de la nature) et dans le processus de son humanisation (acquisition de la culture) : l'exploration et l'exploitation de la nature.
Ces deux moteurs du progrès et du développement sont les constantes de l'histoire de l'humanité. Les différentes conquêtes de l'homme ont été réalisé en relation avec cette volonté d'explorer afin d'exploiter à son profit les innombrables possibilités qui constituent son environnement immédiat et au de là. (Les expéditions, les conquêtes, les découvertes etc.)
Ce phénomène commença par l'assujettissement des animaux aux volontés et caprices de l'Homme. C'est ainsi qu'il a utilisé, pour les besoins de son déplacement et les travaux champêtres, des animaux comme les chevaux, les vaches, les chameaux, etc.
Le caractère limité et circonscrit des capacités et d'autonomie des animaux a conduit à la recherche d'autres possibilités d'optimisation du rendement de l'exploitation de la nature.
C'est ainsi qu'est née, dans l'esprit de l'homme, l'utilité de rechercher la collaboration de ses semblables. Mais cette recherche de la collaboration ne s'effectua pas toujours dans un rapport apaisé. Lorsque cette mise à contribution est consécutive à un rapport conflictuel, elle génère une relation d'asservissement et de subordination. C'est ce qui a abouti aux premières formes de servage puis d'esclavage.
Dans le cadre de cette journée de commémoration de l'abolition de l'esclavage, nous limiterons notre réflexion au cadre ponctuel de la traite négrière en passant en revue ses différentes déclinaisons ultérieures. Celles-ci se résument en effet, en quatre phases essentielles:
● Mise sous Traite des Humains : L’esclavage.
● Mise sous Traite des Terres : La Colonisation.
● Mise sous Traite du Tissu économique et politique : La Décolonisation.
● Mise sous Traite de l'instrument monétaire : La coopération monétaire.

Ι- Mise sous Traite des Humains : L’esclavage des Noirs :
Le premier point qui fait l'objet de notre attention peut être analyser comme un phénomène aussi vieux que l'humanité elle-même (esclavage). Il revêt un caractère omniprésent aussi bien dans le temps que dans l'espace. En effet, le phénomène de l'esclavage est présent depuis des temps immémoriaux et a été observé dans toutes les sociétés humaines, mais l'ampleur qu'il a eue entre le début du XIVe et la fin du XVIIe siècle est sans commune mesure avec ce que l'humanité avait connu jusqu'à cette époque. De par son ampleur, il a concerné un nombre incalculable d’êtres humains : plusieurs dizaines de Millions sur une période de plus de quatre siècles avec comme seul justificatif la recherche effrénée du profit.
L'argument économique, qui fut le tenant et l'aboutissant essentiels et décisifs de ce mercantilisme éhonté, justifia des comportements que la morale et la religion auraient dû condamner. Ce commerce triangulaire, dont l'objet fut exclusivement des hommes africains de race noire, s'est imposé après le constat suivant :
Les indigènes indiens qui furent les premiers esclaves aux Amériques avaient été rapidement éliminé sous l'effet de maladies contagieuses et des épidémies d'un côté, et de l'autre, les travailleurs blancs qui avaient été importé massivement d'Europe auprès des catégories socialement les plus démunis s'avérèrent très coûteux et moins résistants par rapport aux captifs africains plus bon marché et physiquement beaucoup plus résistants.
En résumé, les importations d'esclaves africains, dans le but d'approvisionner en main-d'oeuvre les plantations à l'exploitation desquelles, les forçats d'origines blanches ne suffisaient plus, fut essentiellement la conséquence d'un raisonnement rigoureusement et exclusivement économique.
La poursuite de cet objectif sera constamment présente dans les rapports des nouvelles puissances émergentes (Europe/Amérique) avec l'Afrique.
Ce système de « traite » des êtres humains, dont les mécanismes seront reproduits dans le cadre de l'abolition du commerce triangulaire par un jeu d’euphémisme très subtil grâce à la mise en place d’un système colonial savamment concocté par les théoriciens de l’économie européenne et exécuté avec organisation et méthode. (La planification de l’évolution économique, politique, démographique, technologique et scientifique du continent africain) cette frénésie et cette boulimie économique marqueront d'un sceau indélébile l'esprit, la conscience et les diverses « fortunes » de l'humanité tout entière.

ΙΙ- Mise sous traite des Terres : l’esclavage du territoire : La Colonisation :
La décision de coloniser les territoires africains fut la conséquence directe de la théorisation économique de l'esclavage. Ce tournant décisif fut précipité par l'inventivité humaine selon une approche en termes de faits industriels et de découvertes technologiques : C'est la machine qui, en quelque sorte, nous délivra de l'esclavage. Mais nous imposa en même temps l’ingéniosité de la mécanique.
L'effet combiné de l'analyse économique et des nouvelles découvertes technologiques accéléra le processus qui aboutira à l'abolition officielle de l'esclavage. Les rapports de production démontrèrent à souhait la non profitabilité du système esclavagiste par rapport à la mise en place du travail libre. Les travaux d'économistes de renoms ont démontré que le coût du travail servile est supérieur à celui du travail libre. La mise en lumière des subtilités de l'économie esclavagiste par l'étude comparative et l'analyse de « variables » susceptibles d'influer sur rentabilité finale a fini par convaincre la majorité des partisans de cette forme d'économie. C'est ce qui a fait dire à certains que l'esclavage ne fut qu'un élément dans la reproduction du paradigme productif au sein du système socio technico-économique. Le salariat qui supplanta le travail servile offre une possibilité de sortie de l'esclavage en préservant une rentabilité plus accrue, plus sensible en permettant aussi une moralisation de la relation maître/esclave qui progressivement va se transmuer en une autre forme d’hiérarchie : patron/salarié. Celle-ci introduit la capacité de réduire à presque néant, tous les risques encourus dans la relation préçedante, On peut citer par exemple des aléas tels que la révolte, l'insurrection ou les actions contre-productives. La recherche d'une optimisation en terme d résultats nets d'exploitation démontrera, par l'économique, la supériorité des avantages du salariat sur ceux de l'esclavage.
La colonisation (le système colonial) fut donc une décision hautement politique pour pallier aux carences économiques du système esclavagiste. Elle sera âprement combattue par les nouvelles élites africaines formées à l’école occidentale mais qui sortaient, (fortement et fraîchement enhardies), de la deuxième Guerre Mondiale, la tête pleine d’idéaux de liberté et d’indépendance.
ΙΙΙ- Mise sous Traite du Tissu économique et politique : l’euphémisme de la Décolonisation.
Sous la poussée des mouvements d'émancipation en Afrique et à travers le monde, les anciennes puissances coloniales furent acculées à la recherche de mécanismes nouveaux de perpétuation de l'exploitation des africains et de leurs richesses naturelles. Cette fois encore, la trouvaille sera de taille et d'une subtilité étonnement raffinée : l'illusion de l'indépendance.
Les nouvelles formes étatiques que prennent les anciennes colonies, devenues indépendantes, sont organisées de telle sorte que leur survivance est étroitement assujettie aux volontés des ex-puissances coloniales. Cela s'exprime d'abord par la taille de ses nouveaux états (morcellement du continent en de micro états). Ensuite, cela se traduit par un "plan de développement" entièrement arrimé à la volonté et à l'économie de l'ancienne puissance coloniale. Le diktat de la métropole reste toujours omnipotent : formation des nouvelles élites, exportations des "pensées" idéologiques, parrainage des structures et cadres politiques (partis politiques) ; coopérations militaires et techniques, etc.)
ΙV- Mise sous traite de l'instrument monétaire : l’esclavage monétaire : l’euphémisme de la "coopération"
L'indépendance des états africains a été décrétée politiquement et conjointement par l'ancienne puissance coloniale et les nouveaux états. Elle n'est pas le fruit d'un processus de contrôle des leviers de l'économie de ces états naissants. Elle s'est produite en dehors de toute maturité économique et, par conséquent, elle est incapable de générer un épanouissement économique que seule, à l’évidence, peut garantir une souveraineté et un contrôle intégral sur les instruments et les leviers d'un état moderne tels que la monnaie. C'est cette dernière qui est au coeur des économies modernes et en commande les mouvements. Les principes de la "coopération" monétaire définissant les mécanismes monétaires entre les micros états, issus de la décolonisation, et l'ancienne puissance coloniale, sont construits sur un model de traite entaché d’un déséquilibre originel (identique, dans son principe, à ceux qui l’avaient précédés) et dont le ressort essentiel tient à un argument plus psychologique que réel ou économique. Il conduit en générale à établir une corrélation, ou plus exactement, une subordination du seuil de développement des pays nouvellement crée à une volonté politique ou une décision unilatérale et discrétionnaire de l’ex-puissance coloniale ; qui n’est pas, à vrai dire, suffisamment "EX" que l’on voudrait bien espérer qu’il la soit!


Conclusion :
Urgence de l’essentialisation de la question de l'indépendance monétaire.
Mettre enfin un terme définitif, à la seule façon dont l’Occident s’intéresse à l’Afrique : la politique ou le système de Traite

M'backé N'diaye (Bruxelles)

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