DESAMORCER LA TERREUR !

Une des vérités simples que j’ai pu tirer des rares disputes que j’ai parfois avec ma femme, une fois les esprits calmés, c’est qu’on ne doit pas sous estimer la douleur d’autrui, à fortiori, lorsque nous en sommes nous-mêmes les principaux auteurs.
Autrement dit lorsqu’une personne choisit d’exprimer sa douleur ne vous étonnez pas de la façon dont elle l’extériorise, cette extériorisation est une liberté. C'est même une liberté vitale et elle donne la mesure même de la profondeur de la blessure infligée.
Quid de la proportionnalité ? Pourriez-vous me rétorquer. Quelle devrait être la mesure de la riposte, On n’écrase quand même pas une mouche avec un bulldozer, c'est insensé me diriez vous; ce n’est pas proportionnel vous indigneriez vous, sûrement !
C’est vrai mutatis mutandis
A ce stade me revient à l’esprit un vieux proverbe maure qu’une de nos maitresses à l’école I du Ksar à Nouakchott Mme Diop nous assénait à chaque fois que nous en venions aux mains suites à des moqueries verbales de certains de nos camarades :
« el lissaane bil lissaane wal yed makrouva » En gros cela signifiait ceci « Aussi longtemps que la parole peut répondre à la parole, les bras doivent restés croisés »
Toutes choses égales par ailleurs...........
Les musulmans se sentent blessés, traqués et humiliés
-Blessés par les médias : la désinformation fait rage, Charlie Hebdo, l'exemple type, n'en est que la face émergée
-Traqués par la police : le délit de faciès et la suspicion se précisent autours de tout ce qui s’apparente à l’islam ou à un musulman : patronyme, visage, accoutrement, lieux de cultes, lieux de commerces, etc.
-Humiliés par les terroristes qui scandent le nom du prophète Mohamed et vocifèrent des « Allah’u Akbar » en versant le sang d’innocentes victimes.
Tant d'incompréhensions tant d'ignorances réciproques, tant de mépris et de violence gratuites alors que tout est pris en charge par le Droit et les principes généraux de la bonne gouvernance démocratique.
La Démocratie, en effet, ouvre un espace normé qui régule la vie des citoyens par l’observance, par eux, de règles communes.
On ne peut donc pas dans cet espace conventionné tolérer l’usage d’armes non conventionnelles.
Les journalistes de Charlie Hebdo sont des victimes et on ne peut même pas dire qu’ils l’ont cherché. Par ce qu’ils s’exprimaient dans un espace qui autorisait même le blasphème: entendu que tout ce qui n’est pas interdit est permis sous réserve, bien entendu, de responsabilité car le métier de journaliste est indissociable du principe de responsabilité.
L’attitude de ce journal vis-à-vis de l’islam n’a pas toujours été exempte de tous reproches
Charlie Hebdo a toujours entretenu le flou, il a embroché et joué avec la foi d’autrui dans un objectif non pas de dérision, (ce qui serait tout à fait compréhensible pour un journal satirique, pensons-nous), mais pour des motivations partisanes liées à un combat politique d’avant-garde. Ce n’était pas là son rôle !
Cependant, rien ne saurait jamais justifier pareille surenchère, cette tuerie était ce qu’il y’a de plus rébarbatif, de plus ignoble qui soit nous la condamnons sans réserve aucune !
Charlie Hebdo a voulu substituer au mot islam le vocable islamisme, il a voulu les confondre en une seule unité de sens ! C’était cela la dangerosité de cet hebdomadaire satirique français ! C’était cela la violence non armée dont faisait preuve ledit journal.

En effet, pour nous l'islamophobe n'est pas celui qui n'aime pas ou qui rejette l'islam (libre à quiconque de croire ou de ne pas croire) mais celui qui prête à cette religion les caractères que lui attribuent les islamistes radicaux. C’est, justement, la tâche à laquelle s’évertuaient Charb et consorts
Comment peut-il y avoir d'islamophobie dans un pays qui consacre la liberté de culte et où l’islam constitue depuis plus d’un demi-siècle la deuxième religion. Ce qu'il y'a, à vrai dire, c'est l’angoisse à l'idée que la terreur et la méfiance plébiscitées par certains éléments déviants supplantent la présomption de bon voisinage qui devrait être de mise dans l'élaboration de la citoyenneté nationale, dans la confection de la charte de la laïcité et dans la construction de la cohésion nationale.
Charlie Hebdo et les islamistes voulaient subvertir cette donne essentielle.
Maintenant l’Etat français, qui a le monopole de l’usage de la violence légitime, va reprendre les cartes en mains. Et tous nous devons être unis contre l'intrusion de la violence illégitime de quelque nature et de quelques bords qu'elle provienne (intellectuelle ou physique) dans le fonctionnement du dialogue social que l’Etat tente de réinstaurer en ce moment.
Les forces vives de la nation ne peuvent s’ignorer dans la lutte contre le terrorisme armé ou non armé car si le terrorisme armé tue violemment celui non armé, beaucoup plus insidieux, sape et ravage les fondements mêmes de la commune volonté de vivre en commun.
Le terrorisme non armé incarné par Charlie Hebdo est donc, à bien des égards, éminemment plus nocif qu'aucune autre forme de violence même armée.
Le collapse du monde musulman est une preuve patente de la nocivité extrême de ce terrorisme non armé
Pendant longtemps Charlie Hebdo a travaillé et versé dans le registre de la peur sachant qu’elle devait conduire inéluctablement à la haine du musulman et de l’islam. Le matraquage médiatique incessant orchestré par ce journal aux plans national et international avec une thématique unique et exclusive centrée sur l’islamophobie avait pour ambition unique de susciter une peur et un rejet irascibles de la composante musulmane de la société française.
La peur est une attitude passive, subie c’était l’œuvre des médias tandis que la haine est le fruit d'un comportement actif voulu et entretenu à des fins de nuisances proclamées ou tues. C’était le rôle des forces politiques extrémistes. Celui qui a peur ne demande qu’à être débarrassé de l'objet de sa phobie tandis que celui qui nourrit une haine ne rêve que de voir l'objet de sa haine anéanti. Cette combinaison devait avoir pour effet de débarrasser la France de toute sa composante arabo musulmane. L’association de l’islam et du terrorisme constituait à leurs yeux le cocktail explosif qui devait permettre d’atteindre cet objectif éhonté, sans aucun coup férir.

La question importante à mon sens est de savoir quelle va être l’attitude du gouvernement français pour sarcler le champ social des éléments politiques nuisibles qui attisent la haine et faire place aux engrais qui atrophient et enrayent les facteurs qui justifient la phobie.
Dans la perspective de comprendre les causes de la crise actuelle, il est clair que l'on devrait s'attarder beaucoup sur l'ignorance, la pauvreté mais prendre, davantage au sérieux, l'angoisse eschatologique des occidentaux préoccupés par les pressants enjeux de la démographie et donc de la démocratie qui conditionnent les impératifs liés à la qualité de vie choyée et visée par les uns et abhorrée et combattue par les autres.
Il revient, in fine, à l’Etat de prendre la juste mesure de la situation actuelle et de s’engager résolument dans la voie de règlement de la crise en usant de toute son autorité sans jamais se départir, d'un rien, de sa grande générosité.

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