LA RENAISSANCE AFRICAINE OU LE TESTAMENT POLITIQUE DE MAITRE WADE


LA RENAISSANCE AFRICAINE,
OU LE TESTAMENT POLITIQUE
DE MAITRE WADE

Par M’backé N’diaye

Less waxèèss’ul
Té ňéép dèggèèss ko
Moo euppèèss barké
Less waxèès cia kaw
Té kenn déggèèss’u ko

Dëgg’it (dixit) Wolof Njaay



L’onde de choc provoquée par les fastes de la réception offerte par le chef de l’Etat sénégalais à son hôte le khalife général des Mourides au Palais de la République, n’a pas encore fini d’ébranler les milieux universitaires et intellectuels d’ici et d’ailleurs. De tous bords et de tous milieux confondus, les mordus de la science politique n’en finissent pas de s’arracher les cheveux et de se creuser les méninges pour se rendre intelligible ce curieux événement qui n’a pas de précédent dans l’histoire moderne de cette discipline et par conséquent focalise l’attention des passionnés de Droit, de politique et de Religion. (Aucune comparaison possible avec la visite du regretté et bien aimé khalife Sérigne Abdoul ahad M’backé)
Quel sens pourrait-on donner à cet événement et comment pourrait-on en démêler les ressorts?
Quelle attitude faut-il adopter face à ce qui semble être une entorse flagrante à la pratique routinière et coutumière du pouvoir dans notre pays depuis l’introduction de la Culture politique occidentale jusqu’à ce fameux samedi 19 juillet 2008 du calendrier grégorien. (Cette dernière précision a son « pesant d’histoire ». On s’en expliquera dans les lignes qui suivent).
Le chef de l’état sénégalais est certes connu pour ses positions avant-gardistes et ses déclarations courageuses que d’aucuns approuvent ou désapprouvent selon qu’on est partisan ou opposant à celui qui, à lui seul, incarne la pensée, l’action, et l’idéologie du Sopi, leader charismatique et incontesté du changement politique dans son pays.
L’équation posée par cet événement, au monde de la science politique parait à ce jour inédit pour ceux qui, formés au moule de l’éducation occidentale et élevés dans le mépris des valeurs africaines, ne voient et n’expliquent le monde qu’à travers ce prisme déformant de l’Universalisme Occidental.
Après le choc violent provoqué par cet événement, je commence lentement à retrouver mes esprits et m’engage posément dans la posture que j’affectionne le plus, et qui me vaut tant de satisfactions : la méditation profonde.
C’est à l’issue de cette longue cogitation traversée de moult tergiversations que je commençais à sentir enfin naitre en moi un sentiment de soulagement.
Plus je rembobinais, dans ma tête, le film de cet « événement insolite », plus mon être et mes pensées sont secoués puis gagnés par un vague sentiment d’euphorie. La satisfaction et la fierté s’emparèrent de moi avec une douceur et un sentiment que ne produisent, en général, qu’une victoire obtenue à l’arrachée au cours d’une bataille âprement disputée et dont l’issue est restée longtemps incertaine. A ce bonheur s’ajoute la satisfaction d’avoir livré ce combat dans la loyauté, dans l’impartialité et le respect des principes et valeurs. Ce fut un combat engagé d’abord contre moi-même puis face au reste du monde par ce que je déteste l’euphorie et que je n’ai nulle confiance aux impressions produites dans l’immédiateté.
L’amour sincère que porte le chef de l’Etat sénégalais au continent africain et à son pays en particulier n’a d’égal que la grande considération dont il fait montre à l’égard de la voie soufie à la quelle il appartient je veux dire le Mouridisme.
Pour tous ceux qui essayent de donner un sens à cette cérémonie, la combinaison de ces trois paramètres dont je viens de faire allusion (Mouridité, Sénégalité, Africanité), pourrait aider à dévoiler les secrets de la visite du khalife général des mourides dans la capitale Sénégalaise. Ces trois clés de lecture permettent, en effet, d’avoir une perception, (parmi probablement tant d’autres) et une appropriation personnelle du sens de ce déplacement.
L’hôte des lieux a-t-il voulu lancer un message pour répondre à la gravité de la situation actuelle ? Où alors serions-nous à l’aube d’une nouvelle ère qui se caractériserait par une nouvelle forme de gouvernance qui intégrerait les formes anciennes du dialogue social (intermédiation sociale) et serait par conséquent une incitation à un retour aux sources authentiques africaines ?
Pourquoi n’aurions nous pas le droit de remettre en question la manière d’exercer le pouvoir inspiré du prototype de l’Etat républicain et jacobin hérité du système colonial français?
A la limite, pourquoi ne prendrions-nous pas l’initiative et l’intelligence d’améliorer cet Organisme (Etat) en l’adaptant à nos réalités africaines ?
Mieux, pourquoi ne devrions-nous pas emprunter à notre culture, à nos traditions les vertus et pratiques susceptibles de toucher notre âme sénégalaise et africaine ? L’objectif étant de créer, ainsi, une onde choc susceptible de générer un sursaut national et un élan patriotique salutaires en ces moments de difficultés économiques sévissant à l’échelle de la planète.
Serait-ce l’expérience à laquelle nous initie et nous convie le chef de la tribu « Sénégal » ?
Encore une fois, Maître Abdoulaye Wade s’illustre par sa singularité et son attachement aux racines africaines. Plus que l’œuvre d’un panafricaniste convaincu, c’est à celui d’un « africanisant » qui arbore fièrement sa « Mouridité » sa « Sénégalité », et son « africanité » en bandoulière qu’il nous a été donné de voir à travers cette visite du guide de la seule confrérie authentiquement africaine et sénégalaise. (Je suis profondément conscient du poids des mots que j’emploie!)
Revenons au sens que nous entendons donner au vocable « africanisant »
Si nous construisons le sens de ce mot sur le même principe que celui, par exemple, d’arabisant, de francisant ou même d’anglicisant, il nous sera facile de saisir la haute portée «subliminale» et la lourde «symbolique» méta langagière qui se dégagent de cet événement inédit dans l’histoire récente de la science politique africaine.
Quel est le message « non dit » mais « perceptible » que le premier des Talibé mouride de Dakar, Sérigne Abdoulaye Wade, a voulu délivrer à la première confrérie soufie du pays ? (par ordre d’importance du point de vue de la dynamique différentielle aux niveaux économique et démographique : le leadership Mouride dans ces deux différents domaines ne souffrant d’aucune contestation).
Sérigne Abdoulaye Wade a voulu faire prendre conscience aux éminences grises présentes dans la salle des banquets de la présidence, mais aussi, aux condisciples (talibés) et sympathisants que l’ultime élément de la trilogie de la conquête et de la conservation du pouvoir, est aujourd’hui à portée de main de la Confrérie : l’Idéologie politique Mouride (après la démographie et l’économie).
La méthode claire et sans ambages (l’effet électrochoc) que Wade a utilisé pour administrer au peuple sénégalais, et par delà au monde entier, sa leçon de science politique pourrait s’entendre, de bout en bout, dans le célèbre verset 26, Sourate 3 (ALA IMRAN) du Saint Coran.
La « démonstration », aux sens aussi bien anglo-saxon que latin, orchestrée par Sérigne Abdoulaye Wade est directement inspirée de ce texte et c’est bien là le point focal de notre réflexion.
Nous prendrons le soin d’avertir le lecteur, qui nous accompagne dans cet exercice, que la « portée » et « l’échelle de raisonnement » entre le message délivré par le maitre des lieux (le Président dans le Palais de la République) et le texte Coranique attribué au Maitre des Cieux (l’Univers dans sa globalité) sont à l’évidence fort différents mais contribuent, tous les deux, à produire les mêmes effets : impressionner, apeurer( au sens de la crainte révérencielle), inciter et obliger au respect!
Je vous livre la traduction authentique de ce verset 26 de la sourate3 qui a trait aux attributs de la puissance de Dieu, Maitre absolu de l’Univers!
« Dis : Ȏ Allah, Maitre du Pouvoir absolu!
Tu remets Le Pouvoir à qui Tu veux!
Tu arraches Le Pouvoir de qui Tu veux!
Et Tu rends Puissant qui Tu veux!
Et Tu affaiblis qui Tu veux!
Le Bien dépend de Ton Vouloir [entre tes mains]
Car Tu es Omnipotent ».
Et voici à présent la transposition politique déclamée par Sérigne Abdoulaye Wade, sur un mode subliminal (méta langage) au maitre absolu de la Tarîqa mouride (à l’échelle de l’univers Sénégalais) Sérigne Bara M’backé entouré pour l’occasion d’un parterre de puissants Cheikhs) :
« Sais-tu, Ȏ toi Communauté Mouride, que Tu es le maitre du Pouvoir absolu dans ce pays! (le maitre du suffrage universel)
Tu donnes le Pouvoir à qui Tu veux!
Tu l’arraches de qui Tu veux!
Et Tu rends Puissant (politiquement) qui Tu veux!
Et Tu affaiblis qui Tu veux!
Saches que « la balance Démocratique » penche en ta faveur
La dévolution du pouvoir est suspendue à Ton puissant Ndiguel
Car Tu incarnes l’omnipotence de la Démocratie ».
C’est en clair, le contenu du "message sous forme de puzzle" que Wade a réussi à délivrer devant le Chef Suprême du Mouridisme en compagnie de tous ses fideles Cheikhs et en présence des caméras du monde entier : histoire de rafraichir la mémoire à tous ses compatriotes. (Toutes générations confondues)
Le chef de l’Etat en fin connaisseur de la science politique Sénégalaise, pour en être lui-même un pur produit, se devait de rappeler cette évidence. Ceux qui comme lui sont dans le secret des "dieux de la politique Sénégalaise" et maitrisent de ce fait les ficelles de l’histoire politique de notre pays savent que cette réalité sociologique n’est pas nouvelle et qu’il en a toujours été ainsi depuis l’apparition de Khadim Rassoul, Cheikh Ahmadou Bamba, sur la scène politique et le début de ses démêlés avec l’Administration Coloniale Française.
Le parrainage de tous les hommes politiques importants qui aspirèrent à présider aux destinées de notre Etat, depuis sa conception, sa gestation et sa naissance et ensuite de sa consolidation jusqu’à sa maturité, a été conçu, assuré et exécuté par les soins des différents Khalifes de la confrérie Mouride. En somme, de tout temps la Communauté Mouride, par le biais de la plus prestigieuse institution califale du pays, a toujours décidé de la désignation, du maintien, de l’éviction ou de la révocation de ceux qui briguent ou manifestent la volonté d’occuper la fonction suprême. A commencer par le vénéré fondateur de la Tarîqa lui-même, Ahmadou Bamba. Voyant l’affluence indescriptible des foules répondant à son appel et par le grand amour qui le liait à son peuple, Ahmadou Bamba à toujours consciencieusement pesé de tout son poids politique dans les choix des ses représentants. Il a prodigué des conseils et soutenu les hommes politiques qui lui paraissaient les plus dignes de foi sur l’échiquier politique de son époque. (Blaise Diagne, Lamine Coura Gueye et bien d'autres fils du pays sont tous venus s’agenouiller devant sa sainte personne, pour recevoir ses bénédictions et ses instructions en espérant chacun, par ce geste de soumission typiquement Mouride, gagner la sympathie des électeurs et du peuple dans son ensemble. Avec des fortunes diverses ils ont chacun marqué d’un sceau indélébile la marche, vers la libération, de notre grand peuple. A l’accession de notre pays à la souveraineté internationale, ce fut au tour du fils ainé de "Sérigne Touba", Sérigne Modou Moustapha M’backé d’assurer cette fonction d’équilibre et de stabilité nationale en répondant favorablement aux supplications et« appels du pied » incessants de Senghor s’efforçant de s’attirer les faveurs et la sympathie du monde rural. (plus de 95℅ de la population du pays à l’époque) Ensuite vint le temps de Sérigne Fallou (faste période de complicité entre l’institution califale et le pouvoir politique) qui continua ce coaching avec Senghor jusqu’à son rappel à Dieu en 1968. Son successeur Sérigne Abdou Lahad Mbacké surnommé "le Bâtisseur" pour les travaux de grandes envergures qu’il initia à Touba sera assidument courtisé par Senghor puis par Diouf pour couronnement duquel, le calife Mouride joua un rôle déterminant sinon décisif. Et c’est encore grâce à ce COACHING MOURIDE sous le califat, toujours, de «Baay Lahaad" (il a eu un long règne) que ce même Diouf sera à nouveau réélu et confortablement installé aux commandes de l’Etat Sénégalais. Il cédera ce poste à l’actuel président Wade grâce à la bénédiction et à l’intervention efficace mais discrète des regrettés Sérigne Salihou et son vénérable frère Cheikh Mourtadha M’backé. (Le premier a bénie, à Touba, le début de règne de Wade, le second en a fait de même (à Dakar) avant son entrée officielle au Palais de la République).
C’est, donc en connaissance de cause qu’Abdoulaye Wade ne se limita pas à un simple « briefing politique », ayant flairé, l’opportunité unique de l’instant, il s’est engouffré dans la brèche qu’il s’était "taillé" pour distiller, une mise en garde d’une rare subtilité politique. Pour ma part cet événement restera à jamais gravé dans la mémoire collective du peuple Sénégalais et sera inscrit en lettre d’or dans les annales de la science politique de manière générale.
S’adressant à toute la communauté, le Président Mouride, les gratifia d’un sermon mémorable d’une teneur symbolique de haute portée et gros d’une sagesse digne des grands prophètes (n’est-il pas, lui, considéré dans son pays comme le grand prophète du Sopi). Rappelez vous le testament « hujatu’l wadd’a » du prophète de l’Islam : « Al yawma akmaltou lakoum dinoukoum wa atmamtou ‘alaykum ni’maty wa radeytou lakoum al islama dina »
Deuxième transposition politique à l’intention de la communauté Mouride :
Aujourd’hui, j’ai accompli ma promesse et mon engagement envers la communauté Mouride, j’ai perfectionné pour vous l’outil de conquête et d’exercice du pouvoir, j’ai rehaussé l’image de notre Tarîqa en l’associant à chaque fois au cœur du pouvoir après qu’elle ait été méprisée et bafouée( auparavant le mouridisme était définit comme un mouvement « non élitiste et paysan » par la majorité de "l’intelligentsia" sénégalaise et surtout par les chercheurs des différentes école africanistes de l’Occident par conséquent dans sa volonté de renverser cette image d’"Epinal" péjorative et de redorer, par la même occasion, le blason de la Tarîqa Mouride, le candidat Wade, dés la proclamation de sa victoire se rendit à Touba pour recevoir les bénédictions du Khalife Général puis demandât au regretté et bien aimé Cheikh Mourtadha Mbacké de bénir sa première entrée au palais en tant que président de la République avant même la célébration officielle de la cérémonie d’investiture )
Poursuivant sa volonté de partager son succès avec la communauté Mouride, il ne cessa, pendant tout son mandat d’associer étroitement la haute autorité califale à l’exercice du pouvoir.
Aujourd’hui, à la veille du soir de son dernier mandat, il remet, en homme sage et avisé, l’outil de conquête et d’exercice du pouvoir (le parti démocratique Sénégalais, crée sous l’impulsion de hauts dignitaires Mourides ; soutenu et financé par eux) entre les mains du Khalife en lui rappelant dans les plus petits détails l’origine Mouride du parti (Sérigne Fallou, Sérigne Cheikh M’backé Gaindé Fatma, Cheikh Mourtadha M’backé, Cheikh Salihou M’backé).
En substance Wade après avoir fait un tour d’horizon complet de l’histoire du parti à très exactement démontré qu’il avait accompli sa mission avec dévouement, intelligence et générosité ; Aujourd’hui, il remet « les clefs du parti » entre les mains du premier des Mourides en présence de tous ses Cheikhs.
A présent il appartient à la communauté dans son ensemble avec à sa tête l’institution Califale de prendre en main « le parti » et de décider avec intelligence et mesure de son avenir.
Cet acte de grande portée historique sera sûrement consigné dans sa biographie, le moment venu, comme le testament politique le plus précieux venant de celui qui avait pris l’engagement d’éradiquer les effets néfastes du passage du président Senghor à la magistrature suprême de notre pays.
Il a voulu faire comprendre à tous que, si la Communauté Mouride commettait « l’irréparable », en confiant "le Pouvoir" à quelqu’un qui n’est pas des leurs, elle le regretterait amèrement et elle ne pourrait s’en prendre qu’à elle-même.
N’élisons plus, laissera-t-il sous-entendre, à la tête de notre Etat quelqu’un qui n’aurait pas démontré, comme il l’a fait lui même, son appartenance ancienne à la Tarîqa car cette précaution est notre meilleur gage de sécurité de prospérité pour nous, pour nos enfants, pour nos petits enfants et pour nos arrières, arrières petits enfants.
En effet comme tout le monde le sait, sans doute, en Afrique une fois installé au pouvoir le chef a tous les moyens de pérenniser son règne sans grand coup férir.
Faisant allusion à lui-même, il fit comprendre que n’eut été son âge avancé et son fort attachement à une certaine "Culture de l’éthique politique", il n’aurait remis le Pouvoir qu’au bout de plusieurs mandats ; et comme Senghor, il ne l’aurait remis qu’à la personne de son choix et nul n’aurait trouvé quelque chose à redire (à l’exception de quelques puritains minoritaires et marginaux toujours prompts à râler) car il l’aurait fait, comme Senghor, en "caressant" la charte fondamentale de notre pays et le tour serait bien passé, comme une lettre, à la poste.
Aujourd’hui, grâce à la Démocratie, (la Démographie dirions-nous), Wade n’éprouve nul besoin de recourir à telles pratiques; son devoir est de faire prendre conscience aux masses Mourides, des dangers qui les guettent s’ils ne prennent pas en charge leur destin ainsi que celui de leur pays et infléchir ainsi le cours de l’histoire dans le sens de leurs intérêts et aussi vers ceux de tous les autres concitoyens sénégalais; non pas au moyen d’une dictature barbare et sanglante mais par la conformité à la Légalité républicaine au moyen de la Démocratie.
La Démocratie, (est-il besoin de le rappeler ?) se définissant, en effet, comme le gouvernement de la majorité mais dans le respect très strict de la minorité dans l’intérêt général de la Nation entière).
Pour sa part, Wade affirme haut et fort (prenant à témoin la postérité et par l’évocation en détail de son passé mouride) que nul ne peut douter de sa sincérité en tant que disciple mouride car bien qu’elle ait été toujours rudement mise à l’épreuve, sa sincérité n’a jamais été affectée, ni affaiblie ne serait-ce que d’un ton.
Il aurait pu à juste raison faire remarquer qu’il avait, à maintes reprises, été privé du Pouvoir par les déclarations défavorables des khalifes de sa propre Tarîqa, aux profits d’autres leaders politiques qui n’en étaient pas membres, et qui se conduisaient à leur égard avec hauteur et dédain. Mais Wade ne l’a pas fait, se contentant seulement, de marteler que le découragement ne l’avait jamais complètement terrassé ni jamais entamé sa détermination et son engagement au service de cette Tarîqa qu’il a "hérité" de ses parents et qu’il a aimé profondément et continu d’aimer et de respecter avec ferveur et abnégation assurant, avec force, qu’il en sera toujours ainsi jusqu’à son dernier souffle.
Dans son allocution Wade n’a pas manqué de souligner avec force que si l’édifice Mouride a toujours résisté aux intempéries et aux attaques de tous bords elle le doit d’abord à sa cohésion et à son unité derrière un seul homme à savoir le Khalife Général.
Les générations de Mourides actuels en gardant précieusement cet acquis (esprit de conservatisme) et en procédant par un positionnement stratégique (technique de planification et d’anticipation) pourront se donner la possibilité d’assurer aux générations futures et présentes la certitude de pratiquer leur foi dans la ferveur et la prospérité dans le siècle des siècles et jusqu’à la fin des Temps.
La cérémonie exceptionnelle, à laquelle les Cheikhs Mourides ont été tous conviés et à laquelle ils ont
pris part, pourrait devenir très vite devenir (si tel était leur souhait) une pratique quotidienne et routinière du pouvoir dans notre pays, comme c’est le cas en Iran (avec les Ayatollah), en Inde (avec la Bourgeoisie locale), en Chine (avec la Hiérarchie communiste) et j’en passe; car cette cérémonie nous ressemble et dénote de notre Culture sénégalaise et africaine. On dira, le cas échéant, la République Démocratique et Laïque Mouride comme on dit la République démocratique Chi’ite d’Iran, ou la République Populaire et Communiste Chinoise sans que cela ne soit choquant pour personne. Pour une fois ce ne serait un emprunt d’aucun pays, d’aucune culture, d’aucune civilisation. Elle reflèterait une réalité socio politique qui nous est propre, elle traduirait l’essence et la quintessence de notre monde, à nous sénégalais, nous faisant renaitre à notre culture, dans notre spécificité sénégalaise et notre nature profonde. Nous serions fiers et comblés par cette authenticité, enfin, retrouvée.
Il n’est nulle question, ici, d’une tentative malencontreuse d’endoctrinement aux élans prosélytes ou d’une œuvre de propagande dont l’objectif serait de convaincre nos compatriotes de la nécessité de marcher à rebours du Progrès et de la Modernité mais bien au contraire, il s’agira d’accompagner ces dernières de les combiner avec nos valeurs africaine de Dialogue, de Solidarité et de Fraternité car en définitive nous ne formons qu’un seul peuple poursuivant le même but et partageant la même foi. Il s’agira tout simplement d’expérimenter notre « Doxaline » : méthode de gouverner propre » afin d’éviter à nous-mêmes, à nos enfants et à notre économie des désagréments tels que ceux essuyés régulièrement durant ces quatre dernières années. (Un syndicalisme mal adapté : singé sur l’Europe ; des rapports viciés entre partis politiques et citoyens : le règne du bakchich ; une Société Civile déliquescente et fortement politisée faisant pratiquement tout le travail à la place de l’opposition! : le comble du ridicule ; Climat médiatique exécrable : chantage politique et pratiques d’harcèlements éhontés, insolents et multiformes ; la non complémentarité des Intelligences systémiques notamment celles relatives aux domaines de l’économie, de la Banque et de la Haute Finance : calquées à outrance sur le modèle occidental sans la "culture éthique" qui en constitue le corollaire indispensable ; la même absence de "passerelles" est notée entre le système éducatif précisément les Universités et le monde de l’ Entreprises ( publiques et privées) et j’en passe…..
Mais nous ne pouvons pas oublier que c’est nous qui avons choisi librement toutes les "options" institutionnelles et philosophiques de notre "système étatique", à l’instar de l’écrasante majorité des peuples dits « civilisés ». C’est encore nous qui avons choisi, en toute indépendance, d’adopter un système d’accession et de dévolution du pouvoir fondé sur le principe de l’alternance démocratique, (code électoral) nous avons, de même, librement décidé de souscrire, dans notre charte fondamentale, à la liberté de culte et d’association( Législation sur les associations), c’est nous qui avons opté, enfin, pour la laïcité des institutions étatiques au sens de la neutralité et de la séparation de l’Etat et des institutions religieuses ( Volontarisme philosophique) par suite, nous devons rester fidèle à nos choix en acceptant logiquement et naturellement les conséquences qui en découlent je veux dire le règne de l’Ordre Républicain et Démocratique dans la légalité constitutionnelle. Nos efforts doivent, par conséquent, converger pour que "force" reste au caractère Démocratique et Solidaire de notre Pacte Social)
Cependant nous n’avons inscrit nulle part, (ni dans nos institutions ni dans nos lois) que nous renoncions à notre Sénégalité notre africanité en d’autres termes notre authenticité ou sensibilité Negre.
C’est à la lumière de tout ce qui précède, que chaque Talibé, chaque Sénégalais peut se sentir si bien dans sa peau et ne plus se soucier de la « peur » de céder à cette vague de triomphalisme qui nous emporte en ce moment au loin vers la seule subversion de sens auquel cette visite du 19 juillet 2008 pourrait donner lieu à comprendre c’est à dire l’entame de l’An I de la Renaissance Africaine.(vous comprenez à présent pourquoi cette date à pour moi valeur de symbole du fait qu’elle inaugure, dans notre pays( dans la ferveur), le début de la renaissance africaine)
Que cette Renaissance soit initiée sous le magistère de Maitre Abdoulaye Wade, (porte étendard du panafricanisme renaissant) et qu’elle se soit illustrée d’une si belle manière ne font que renforcer notre foi en cette voie soufie initiée, il n’y a guère longtemps dans une situation de minorité, de domination, de mépris et de brimades, par le fin stratège Cheikh Ahmadou Bamba M’backé. Il fut le premier grand homme politique de son pays qui avait compris très tôt la nécessité du combat politique mais surtout, (et c’est là le génie politique d’AHMADOU BAMBA), d’avoir inventé et mis en œuvre une forme et une stratégie de lutte originale : la résistance pacifique (la non violence) qu’il a conçu théoriquement avant de s’y engager activement bien avant le Mahatma Gandhi, ou le Pasteur Martin Luther King contre l’iniquité et la barbarie du système colonial : pourquoi persiste-t-on à lui dénier sa grande envergure politique (Je trouve particulièrement dommage qu’on n’enseigne pas, assez, cette facette importante de l’action de Sérigne Touba et qu’on en parle pas suffisamment! car la plupart des chercheurs ne s’intéressent qu’à son œuvre religieuse et littéraire au détriment de son action politique).
Serait-ce, peut être, en raison du fait qu’il fut, très certainement, le plus grand érudit parmi tous les guides religieux de son époque : nous lui sommes, tous, redevables de notre spécificité bien sénégalaise facilement reconnaissable et tellement bien appréciée à travers le monde!
Voici, donc, venu le Temps de rendre à Bamba ce qui, de par son action engagée dans la lutte politique pour la libération de notre peuple, lui revient de droit à savoir la part du Lion : symbole par excellence de notre cher et beau pays le SENEGAL.
(A quand l’image-icône de Bamba au beau milieu de notre drapeau national ?)
Go pour une pétition ?

JEREJEF SERIÑ TUBA! JËREJËF SERIÑ TUBA! JËREJËF SERIÑ TUBA!

"Mouride Eveillé"

Bruxelles, le 19/07/08

MBacké N’diaye

0032-487/622.354



Rue Woeringen, 08

1000 Bruxelles

Belgique

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